Les objectifs
Objectif n°1 : Couvrir l’intégralité des besoins en électricité et en eau grâce aux énergies locales
L’île s’éclaire, se chauffe, cuisine, potabilise son eau … quasiment exclusivement au fioul, avec l’électricité comme vecteur. Les déplacements sur l’île se font à pied et pour rejoindre le continent, par bateau, eux aussi exclusivement au fioul. Ce système, entièrement dépendant de la solidarité nationale est non seulement un gouffre financier mais en plus cause des atteintes profondes à l’environnement et de surcroît, n’apporte aucune activité économique au territoire. Ce système n’est ni soutenable ni durable.
Et pourtant, tout est aujourd’hui disponible sur place, la mer avec ses marées et sa houle, un vent généreux, un soleil d’été plus fréquent que sur le continent… et une population sensibilisée, volontaire, engagée et solidaire. En utilisant de manière intelligente les technologies existantes et éprouvées, l’objectif est aujourd’hui tout à fait réaliste, tant d’un point de vue technique qu’économique.
Objectif n°2 : Construire un véritable projet de territoire qui soutient l’économie locale
Le fait même que la population s’organise et que des habitants créent une société locale afin de réaliser chez eux un projet innovant, ambitieux et de grande envergure, dynamise l’ensemble du territoire et des acteurs. Cela crée inévitablement un effet d’entrainement.
Par ailleurs, la transition énergétique entraine obligatoirement la création d’emplois non délocalisables : artisans pour l’isolation des maisons, techniciens pour la régulation du système, chercheurs pour la mise au point des prototypes (hydroliennes par exemple), agent de maintenance etc. De nombreuses études montrent que le passage d’une énergie fossile à une énergie renouvelable entraîne la création nette et directe de nombreux emplois. (voir l'étude de Négawatt) De manière indirecte, le projet peut susciter de nouvelles activités ancrées au territoire. Il est par exemple envisageable de développer une activité qui utiliserait l’électricité à bas coût disponible pendant les périodes de surproduction. Un tourisme autour de l’énergie pourrait se développer et des séminaires de recherches organisés… Par la suite, des actions autour du transport par bateau électrique seraient envisageables.
Objectif n°3 : Optimiser l’utilisation de la solidarité nationale
Le prix de revient du courant sur l’île est d’environ 40 cent / kWh. Le prix de vente aux consommateurs de l’île est d’environ 5 cent, le même que pour tout consommateur français au tarif régulé (prix de la part production, hors taxe et coûts réseau). Cela est possible grâce au mécanisme de la solidarité nationale, la CSPE (contribution au service public de l’électricité), CSPE que tous les consommateurs français d’électricité payent. Elle permet de financer la différence entre le coût de revient de l’électricité et le prix de vente.
Pour Sein, cela représente un montant annuel supérieur à 400 000 €. Ce montant est aujourd’hui versé à EDF qui l’utilise pour acheter du fioul. Pour l’ensemble des îles non interconnectées, le montant de la CSPE versée est passé de 0,3 milliards d’euros en 2003 à 2 milliards en 2014 (estimation). Le projet d’IDSE permettra ainsi de réduire de manière significative cette taxe tout en permettant une réduction des importations de fioul et des émissions de gaz à effet de serre. Et, point extrêmement important pour l’île, la meilleure utilisation de la CSPE favorisera l’activité sur l’île par un développement endogène. Nous sommes ici dans un véritable cercle vertueux. Un handicap économique se transforme en supériorité !
Objectif n°4 : Faire de l’île une terre d’innovation et d’expérimentation
La difficulté technique de l’île qui est électriquement coupée du continent (pas de câble électrique entre l’île et le continent) se transforme en avantage pour mener des innovations et des expérimentations. La non interconnexion évite en effet tout risque de désordre sur l’ensemble du réseau et permettra une analyse très fine et rapide des actions menées.
Par ailleurs, les Sénans sont depuis toujours très sensibilisés aux questions environnementales. Ils sont par exemple très économes en eau et très peu producteurs de déchets. Lors des pointes de consommation en hiver, ils ont l’habitude de réduire rapidement leur consommation si nécessaire. Par ailleurs, face aux caprices des groupes électrogènes, au mauvais état du réseau et la mauvaise qualité de courant délivré, l’amélioration du service est attendue. Petit territoire où tous les habitants, permanents ou secondaires, se connaissent, l’île est un territoire idéal pour innover dans le domaine de l’énergie et notamment dans le domaine du pilotage de la demande (réseaux communicants - smart grid).
Objectif n°5 : Construire un projet collaboratif respectueux des valeurs et du patrimoine de l’île
Un bateau en perdition dans le raz de Sein et le canot de sauvetage de la SNSM avec son équipage de Sénans à bord sort, par tous les temps pour sauver les occupants. Il est souvent rappelé que tout marin, en cas de coup dur, porte assistance à celui qui en a besoin, quels que soient les problèmes qu’il a eu avec cette personne. L'île a l'habitude de décider de son destin (cf 39-45), et n'aime pas dépendre des autres : des habitants décident de prendre leur avenir en main.
Une pêche fructueuse ? On distribue du poisson à ceux qui ne peuvent pas ou plus aller à la pêche. Sans rappeler l’Histoire où, à l’appel du Général de Gaule, tous les hommes de l’île en âge de combattre ont rejoint Londres. La Commune est une des 5 Communes françaises Compagnons de la Libération. Le projet d’Île de Sein Énergie s’inscrit dans une continuité historique de solidarité et de travail en commun.
Sein porte encore et toujours les traces, sur les rochers mais aussi dans les cœurs et les mémoires, des grandes marées noires qui ont frappé ses cotes (notamment le Boehlen en 1976 et l’Amoco Cadiz en 1978). Un container qui échoue et déverse des tonnes de déchets et toute la population se mobilise pour les ramasser. La préservation de l’environnement et du patrimoine est gravé dans le cœur des Sénans. La plupart des Sénans était favorable à la création du Parc Marin de la Mer d’Iroise qui vise notamment la protection du milieu marin et le développement durable des activités maritimes. Le projet d’Île de Sein Énergies s’inscrit parfaitement dans cette lutte pour la préservation de l’environnement ET une activité économique respectueuse de l’île.