Edito 20 septembre 2016
Avec la société locale d'énergie IDSE, une action juridique est décidée contre l'Etat français et contre le monopole EDF. Pourquoi être arrivé à ce point ?
Depuis que la société locale IDSE est créée en 2013 pour remplacer le fioul par du renouvelable sur l'île de Sein, plusieurs démarches ont été faites tant vers l'entreprise EDF que vers l'Etat. Elles ont toutes échoué. EDF réagit de manière tout à fait logique pour faire perdurer un système qui le nourrit en faisant payer, à tous les Français, une lourde taxe sur leur facture afin de continuer à polluer sur Sein. Dans son action, nous retrouvons tous les stades successifs d'un système ancien confronté à une idée révolutionnaire : comment EDF lutte contre le projet d'énergie citoyenne de Sein ?
Premier stade : le système ignore la proposition. L'idée révolutionnaire d'une énergie locale et citoyenne tombe à l'eau. C'est " Une idée utopiste ", " Elle ne tient pas la route car elle est portée par une association aux voeux pieux ".
Deuxième stade : le système ridiculise l'idée révolutionnaire. " Ce ne sont pas des petits paysans qui peuvent produire de l'électricité ", " Vous retournerez à la bougie, dans le noir", " Les énergies renouvelables sont intermittentes donc pas adaptées à une île non interconnectée ", etc.
Troisième stade : le système combat l'idée révolutionnaire si elle trace son sillon. Par exemple en attaquant, diffamant et menaçant les messagers. L'idée devient dangereuse. Ainsi quand cette idée est mise, noir sur blanc, dans un amendement d'une loi en discussion, celle sur la transition énergétique pour la croissance verte en 2015, tout est mis en oeuvre pour la supprimer.
Quatrième stade : le système récupère l'idée nouvelle pour in fine l'étouffer. Si malgré tout l'idée survit et bouge encore, et bien le système la reprend à son compte et il proclame qu'il va la mettre en oeuvre. Bien sûr, ce n'est qu'un moyen de démontrer que l'idée est impossible, en ralentissant au maximum sa mise en oeuvre, mais le système, lui, gagne ainsi beaucoup de temps. En espérant bien sûr que l'idée soit réduite au silence car étouffée. Toutefois, dans ce cas, le système prend le risque d'exploser car l'idée est sortie de l'oeuf par sa proclamation et elle est vivante dans son giron tel un cancer. Sur l'île de Sein, nous en sommes au stade de la récupération de l'idée. En commençant par la reprendre en partie puis dans son intégralité. Tout en prenant soin de ne pas apparaître directement en mettant, en première ligne, d'autres personnes, tels certains élus, ou un autre système créé ex novo. Toutefois, les Sénans ne sont pas dupes et ils comprennent bien que le discours d'EDF n'a qu'un seul but : l'élimination des énergies renouvelables citoyennes.
Il est bon maintenant de rappeler le passé et revenons à l'an 1979. Pas bien loin de Sein à Plogoff, une centrale nucléaire est projetée. Quelques " illuminés " la refusent et ils expliquent qu'il faudrait développer localement les énergies renouvelables. EDF installe alors une éolienne à Ouessant en décembre 1979. Quelques semaines après, lors du premier coup de vent, l'éolienne est détruite. EDF avait déjà fait de même dans deux autres communes de l'Ouest : l'une à Saint-Rémy-des-Landes et l'autre à Nogent-le-Roi. Au bout de quelques semaines, les deux éoliennes étaient en panne, " poussant " EDF à abandonner ces projets. En conclusion, preuve était faite selon EDF que l'éolien n'était pas fiable. Par contre, nos voisins du Nord et du Sud (Danemark, Allemagne, Espagne, Portugal...) ont continué à développer les énergies renouvelables. Le système EDF a gagné plus de 30 ans. Notre pays, et son industrie ont perdu plus de 30 ans.
Il est aussi bon de regarder les actions d'EDF sur d'autres îles françaises. Par exemple, à Miquelon où EDF a réussi à faire arrêter les éoliennes installées en 2000 pour ensuite construire une centrale au fioul mise en fonctionnement fin 2015. EDF continue d'investir dans les moyens de production et de pollution au fioul (plus de 1,5 milliard d'euros entre 2012 et 2014), beaucoup plus que dans les énergies renouvelables pourtant moins chères. L'Etat continue de financer les industries et les énergies émettant des gaz à effet de serre en France, une action qu'il s'interdit depuis peu à l'étranger. Cherchez l'erreur dans le cadre des engagements nationaux, pris devant le peuple français et la communauté mondiale, à la suite de la COP21 en 2015, sans remonter au protocole de Kyoto de 1987. Les habitants de Sein ne sont pas dupes et refusent qu'on leur serve à nouveau le même plat et la même histoire. Ainsi, après plus de 30 ans de vaines promesses avec une éolienne annoncée sur Sein dès 1984 pour l'année 1985, ils prennent leur destin en main.